Observations présentées lors de l’enquête publique
pour la quatrieme révision du PLU de 2013
Palaiseau, 21 mai 2013
Monsieur le Commissaire Enquêteur,
Nous l'avions déjà exprimé lors de notre explication de vote contre la révision simplifiée du PLU, en juillet 2012, nous approuvons l'ambition d'un désenclavement du site de Polytechnique pour en faire un quartier ouvert à tous, avec des logements familiaux et étudiants, dans les enceintes actuels des sites de Polytechnique, de Thalès, de Danone et de IOGS. Ce projet de développement urbain, accompagné d’infrastructures scolaires et sociales aurait pu nous convenir dans la mesure où il nous aurait semblé être suffisamment maîtrisé et délimité.
Notre critique et notre inquiétude naît exactement de la volonté d’éliminer le caractère de « quartier » du projet d’aménagement de la Zac Polytechnique du Plateau de Saclay, en lui confiant la tâche de devenir, de facto, une « nouvelle ville », selon l'expression consacrée par l'ancien Président de la république.
Dans le PADD la description de l’objectif du PLU de « maintenir l’équilibre actuel entre l’habitat locatif et l’accession à la propriété en construisant un nombre limité de logements accessibles à tous » devient un « nombre maîtrisé ». L’idée d’une limite de développement de la Ville est donc effacée. Voilà pourquoi disparaît aussi l’indication de la taille démographique de la ville, qui selon l’ancien PADD devait tendre et ne pas dépasser les 32.000 habitants avant 2021.
Les modifications du PLU amèneront à des importantes modifications de la zone couverte par la ZAC du Quartier de l’École Polytechnique, si importantes que l’on peut se demander, à juste titre, si la révision, qui plus est « simplifiée » EST l’outil adéquat pour un changement si radical et sans aucun caractère d’urgence si l'on se réfère à la raison principale de l'arrivée des transports (ligne 18 du Grand Paris Express, ancienne ligne verte).
Or, le projet immobilier sur la Zac Polytechnique paraît en constante évolution, et passe de 1500 logements familiaux + 2000 logements étudiants prévus en juillet 2012 à 2500 logements familiaux + 2600 logements étudiants, soit un total de 1600 logements de plus.
Le développement urbain de la frange Sud du Plateau fera de cette sorte augmenter la population d’au moins 24.100 habitants, dont plus de 10.000 sur Palaiseau.
Avec ces prémisses on peut craindre avec raison que le concept de limite ait été quelque peu oublié. L’impression qui en découle est que l’impact sur l’environnement (et sur les dépenses aussi) de notre commune est largement sous évalué, sous estimé.
Ce qui nous inquiète encore plus est la décision de réduire les différences dans le zonage du territoire constructible, qui passent de 7 à 3 : simplifier le PLU signifie aussi donner plus de liberté au projet qui viendra ensuite, sur lequel les palaisiens n’auront aucune emprise ou presque.
Nous regrettons notamment la décision de supprimer une partie de la zone N au nord du lac de Polytechnique (38,5 hectares de sa superficie) et le déplacement de 5,7 ha d’espaces boisés (action qui coupe de fait le corridor Nord) et de lautre le projet de métro qui semble devoir y passer en plein milieu, alors que l’autorité environnementale parle clairement d'un
« espace remarquable et fragile, constitutif de l’identité du plateau ».
De plus, la décision d’enlever le mot « toute » dans l’article n. 13.3 (Préservation des boisements existants et obligation de planter ) du nouveau Règlement qui dit «Les plantations existantes doivent être maintenues dans toute la mesure du possible » (page 24) affaiblit sa signification.
Dans le même sens va la phrase qui a été ajouté : « En cas d’impossibilité, les dispositions ci-dessus peuvent être mises en œuvre à l’échelle de l’ensemble du territoire couvert par la zone UX sous réserve de fournir une attestation garantissant la plantation effective des arbres sur l’ensemble de la zone UX ».
Points relevés dans le PADD et dans le Règlement qui nous interpellent :
Dans la révision du PADD, qui n’a pas à notre avis fait l’objet d’un travail de débat suffisant, on peut lire différentes nouvelles phrases qui nous laissent dans le doute.
A titre d'exemple, page 9 dans le paragraphe « L’aménagement de ce site devra garantir le respect des normes d’aménagement de Haute qualité Environnementale et apportera une forte contribution au verdissement harmonieux du plateau se fera selon des principes très ambitieux en matière de développement durable : maîtrise de l’énergie, gestion de l’eau, intégration de la biodiversité en prenant en compte les espèces protégées à travers la création d’espaces d’habitat favorable à la faune et la flore autour du quartier ».
La partie barrée a disparu et a fait disparaître la garantie d’un projet vraiment soutenable.
En ce qui concerne le règlement :
- la définition de « ACTIVITES ECONOMIQUES comme « La catégorie rassemblant l’ensemble des activités de bureaux et de recherche relevant d’un statut privé » (page 2) parait discutable
- page 8, à l’article 1.2 qui avant disait « les dépôts à l'air libre de matériaux divers, de ferrailles, de combustibles, les décharges, les dépôts de véhicules hors d'usage et les casses de véhicules et d’une manière générale toutes constructions ou dépôts d’objets apportant une nuisance, tant du point de vue esthétique que du bruit ou des odeurs » a été ajouté le début de phrase « sauf pour les besoins de chantier ». Cela laisse de fait la liberté de laisser à l’air libre tout ce qui peut nuire. Il faudrait au moins ajouter « en conditions de sécurité » ou similia.
- article 2.2 (erronément appelé 2.1) « Occupations et utilisations du sol admises », à page 9, à la phrase « Les constructions à usage d’activités de haute technologie à condition d’être liées aux établissements sus vidés » » a été retiré la partie soulignée, laissant liberté d’implantation. Dans la même liste, « L’hébergement hôtelier » est admis alors que dans le règlement précèdent il s’agissait de « La reconstruction, l’extension ou l’amélioration des constructions à usage d’habitation et les hôtels et résidences existants ».
Dans cette zone UX-2 seront désormais admises aussi « Les constructions à usage d’activités économiques et de bureaux » et « Les constructions et installations nécessaires à un service public ou d’intérêt collectif »
- page 10 il y avait un rappel de l’Article R 111-4 du code de l’urbanisme :
« Le nombre d’accès sur les voies publiques peut être limité dans l’intérêt de la sécurité. En particulier, lorsque le terrain est desservi par plusieurs voies, les constructions peuvent n’être autorisées que sous réserve que l’accès soit établi sur la voie où la gêne pour la circulation est la moindre ». Qui a été retiré dans le nouveau règlement. Le motif n’est pas clair.
- page 11, dans l’article 3.2 la phrase « Les voiries créées à l’occasion de la réalisation d’opérations de construction doivent distinguer la bande roulante des trottoirs, qui ne peuvent être au même niveau. Chaque voie créée doit être équipée, au minimum, d’un trottoir d’une largeur minimale d’1,50 m ». Cela veut dire que les trottoirs ne seront pas obligatoires ?
- page 12 note positive :dans l’article « Tout aménagement permettant le stationnement regroupé de plus de 5 véhicules doit être équipé d’un débourbeur/déshuileur avec alarme installé en sortie d’ouvrage de régulation de débit des eaux pluviales » la phrase « ou d’un dispositif d’épuration naturelle par infiltration ou phytoremédiation de performance équivalente » a été ajoutée.
- page 14 à 17, article Ux-7 les distances entre les limites séparatives et les façades nous paraient raccourcies, alors que toutes les pourcentages d’emprise au sol et de hauteurs maximales nous paraient augmentées dans toutes les zones (pourcentages d’emprise au sol permises ont augmenté de 10% en moyenne : dans les anciennes secteurs UXa et UXb, aujourd’hui UX1 l’emprise passe de 35% à 100%). .
- page 17 un nouveau article indique que « Les ouvrages techniques liés à un service public ou d »intérêt collectif sont exclus du calcul de la hauteur ». ça ne pose pas un problème ? Toutes les hauteurs sont augmentés (pages 17 et 18)
- la référence à la recommandation pour des matériaux naturels « notamment la pierre appareillée, la brique ou les moellons, et les matériaux se rapprochant des teintes des enduits traditionnels, ocre, gris clair ou beige, proches des teintes de pierres naturelles, ainsi que les parements en bois » (anciennement page 19) a disparu.
- page 24 : Dans l’article n. 13.3 Préservation des boisements existants et obligation de planter, à la phrase «Les plantations existantes doivent être maintenues dans toute la mesure du possible » a été retiré le mot « toute », ce qui affaibli le sens. Par contre y est ajouté la phrase « En cas d’impossibilité, les dispositions ci-dessus peuvent être mises en œuvre à l’échelle de l’ensemble du territoire couvert par la zone UX sous réserve de fournir une attestation garantissant la plantation effective des arbres sur l’ensemble de la zone UX » ce qui laisse penser à des dangereux déplacements de zones vertes.
- dans un souci de projet de quartier où la marche et les circulations douces seront prioritaires, on peut se demander pourquoi la phrase : « Les voiries créées à l‟occasion de la réalisation d‟opérations de construction doivent distinguer la bande roulante des trottoirs, qui ne peuvent être au même niveau. Chaque voie créée doit être équipée, au minimum, d’un trottoir d’une largeur minimale d’1,50 m » a disparu du règlement (Article Ux-3, 3.2 « Voirie publique ou privée », page 9).
Un certain nombre des points évoqués sur l'aménagement du Plateau de Saclay lors de l'enquête publique sur le Schéma D'aménagement de la Région Ile de France méritent de figurer également dans l'avis de l'enquête publique :
Les lisières entre les espaces aménagés et les espaces agricoles ne sont pas suffisamment prises en compte. De plus les espaces en eau doivent absolument être mieux protégées : en particulier, toutes les zones humides forestières mais aussi les zones d’intérêt floristiques et faunistiques. Et cela tout particulièrement sur le Plateau de Saclay où l’«espace remarquable et fragile » comme l’autorité environnementale l’a décrit, risque d’être éliminé sinon déplacé avec le risque d'une perte de la richesse de la biodiversité.
En ce qui concerne les transports publics, la solution retenue du Grand Paris Express (GPE) ne répond pas aux besoins immédiats des franciliens, et par ailleurs, les hypothèses financières de sa réalisation ont été sous-évaluées et celles du trafic de voyageurs surévaluées. La priorité absolue doit être le plan de modernisation des transports de la Région et le prolongement de lignes de métro en proche couronne. Des solutions moins onéreuses, plus faciles à mettre en œuvre et permettant de mieux desservir les zones de logements et d’emplois que le GPE doivent aussi être étudiées.
Les trams, les bus à haut niveau de service etc. peuvent être des solutions, mais il faut réfléchir aussi à tout ce qui peut favoriser les liaisons douces et les déplacements alternatifs: pistes cyclables, trottoirs bien dimensionnés et protégés des aléas du trafic, covoiturage, transports à la demande, taxi collectifs, …
Nous demandons qu’aucune construction de logements dans le rayon de 1000 m autour des gares ne soit commencée sans l’assurance formelle de la décision d’implantation de la gare et de son financement. Et cela compte tenu aussi de la délicate situation de la ZAC Polytechnique où l’on veut l’arrivée de 10000 nouveaux habitants sans que des solutions durables de circulation soient mises en place au préalable.
Les paysages du Plateau sont fortement marqués par la présence de biodiversité, par le réseau des étangs et rigoles crées au XVII siècle pour alimenter les fontaines du château de Versailles, indispensables pour renforcer la protection contre les inondations et réaliser des économies d’eau, et par nombreux exemples de bâti rural – fermes monumentales et cœur des bourgs. Pour préserver l’identité culturelle et paysagère du territoire il faudrait affecter un nouvel usage à ces bâtiments et limiter la hauteur de toute nouvelle construction à celle du bâti agricole existant, sans dépasser les cimes des arbres, de manière à ne pas polluer visuellement les paysages, caractérisés par un horizon dégagé sur 360 degrés, les pourtours du plateau étant délimités par un écrin boisé.
L’idée très positive de création de « fronts urbains » pour marquer fortement et sur un temps longs des limites entre des espaces urbanisables et des espaces agricoles limitrophes qu'il convient de préserver, pourrait être supportée grâce à la création dans la Carte de destination générale des sols du SDRIF d’une notion de Périmètre agricole intra-urbains, encerclé d’un Front urbain.
Dans le SDRIF on indique que « Les espaces naturels, souvent de faible emprise, n’en sont pas moins des espaces fondamentaux, car concentrant une grande biodiversité, et ayant un rôle majeur dans le cycle de l’eau. L’intérêt écologique de certains espaces naturels situés au sein des espaces boisés est lié à leur caractère non boisé » et, en plus, que « à l’exclusion des bâtiments à destination agricole, toute nouvelle urbanisation ne peut être implanté qu’à une distance d’au moins 50 mètres des lisières »
Comme la plupart des aménagements programmés par le grand Paris, les aménageurs du Plateau de Saclay ne font pas grands cas des préoccupations écologiques et de la concertation avec les acteurs publics locaux. D’ailleurs la nouvelle taxe d’aménagement ne les concerne pas. Les Opérations d’Intérêts nationales sont dédouanées par définition de la nouvelle taxe ce qui leur permet de s’installer sur les espaces communales sans verser de taxe d’aménagement aux communes qui devront se charger d’assurer, une fois leur passage effectué, l’installation de toutes les infrastructures nécessaires aux nouveaux arrivants.
Pourtant, alors que nous pouvons qu’apprécier les aspects d’innovations environnementales très intéressants au niveau du bâti, il est d’autant plus incompréhensible que l’ensemble des considérations environnementales ne soient pas prise en compte. Surtout que nous rappelons qu’il est toujours plus écologique de reconstruire sur place qu’ « ex nihilo.» et que des solutions alternatives existent.
La zone de construction autour de la gare d'immeubles de 45 m de hauteur ne sont pas acceptables, et rejeté par la population, il suffit de reprendre le débat public lundi 13 mai à la salle des Fêtes de Palaiseau pour s'en convaincre. Nous sommes pour des projets humbles et responsables et non pas pour la démesure, la compétition internationale avec Shangaï et Dubaï. Ce projet n’est pas seulement architectural et urbanistique. Il a des conséquences sociales et sociétales très importantes.
En ce qui concerne l’étude d’impact, nous nous réjouissons de voir qu’à plusieurs des doutes de l’Autorité Environnementale des réponses ont été fournies. Mais nous ne sommes pas entièrement satisfaits en ce qui concerne la teneur des impacts du projet, dont ceux non encore évalués du métro automatique et à la lecture des réponses subsistent des inquiétudes quant aux insuffisances de prise en compte des différentes remarques de l’Autorité, remarques qui nous semblent pertinentes et que les réponses de l’Établissement Public Paris Saclay ne permettent de justifier que dans certains cas précis (ex : périmètre n’incluant pas le forêt domaniale).
De même dans le rapport remis par l'Autorité Environnementale, le trafic automobile est décrit comme « sous estimé, ce qui laisse craindre des situations d’embouteillage en dépit de la future offre en transport en commun » et « les nuisances en matière d’émissions de pollution ne sont pas écartés ».
Alors que dans les présentations du projet d’aménagement était indiquée comme « Une première nécessité : l’augmentation significative de l’offre en transport en commun, on sait aujourd’hui que le « Nouveau Grand Paris » ne prévoit pas de commencer les travaux pour le réseau ferroviaire avant 2020 : ce n’est donc qu’en 2025 que les personnes habitant ou travaillant sur le Plateau pourront emprunter la ligne 18 entre Massy et le plateau de Saclay et le tram-train entre Massy et Versailles, pour la liaison avec Orly et Versailles l'horizon prévu de la réalisation n'est pas avant 2030.
Nous pensons qu’il s’agit là d’un projet trop grand et moderne pour ne pas prendre réfléchir avant à la perspective de la qualité de la vie, qui passe par le nombre des équipements mais aussi pour la non nuisibilité de l’air qu’on respire et qu’on fait respirer à nos enfants.
Jusqu’à novembre 2012, donc il y a moins de 6 mois, dans le projet de ZAC présenté aux citoyens dans le cadre de la concertation publique on pouvait lire « Une ouverture vers l’éco quartier Camille Claudel - Renforcement de la continuité et des entrées de quartier ».
Aujourd’hui il semble bien que cette idée ait disparu et que de continuité il n’y ait plus de traces. Il s’agit à notre avis de penser de façon vraiment homogène la ZAC et de la concevoir comme un projet qui vient s’insérer dans un territoire déjà existant qui veut prendre part au changement et qui refuse que les espaces principaux soient occupés, bien que pour de la recherche, et coupés du reste.
Les équipements, les savoirs, la vie du Plateau doit pouvoir être partagée avec les habitants du centre de Palaiseau et surtout avec les futurs habitants de l’éco-quartier Camille Claudel. C’est essentiel pour que l’opération puisse se dire réussie et pour que les différentes zones de Palaiseau ne deviennent pas des enclavements.
La question des liaisons entre les nouveaux éco-quartiers, le centre de Palaiseau et le Plateau doit être prioritaire et concertée.
Ce n’est pas un hasard si l’EPPS déjà en 2011 affirmait « un potentiel paysager important grâce au lac de l’École polytechnique et à la proximité de la forêt domaniale de Palaiseau et des coteaux boisés. Il faut inscrire le projet d’aménagement du quartier dans son contexte, pour développer de nouveaux espaces paysagés qui mettent en valeur l’existant et permettent le développement de nouveaux usages- promenade, vélo, loisirs etc » (http://www.media-paris-saclay.fr/des-lieux-a-vivre).
Le projet de construction de logements serait donc à l’opposé de ce qui avait été préconisé et la qualité du paysage en résulterait réduite de façon drastique.
En ce qui concerne les mouillères déplacés, et compensations pour espèces protégés, et les trame verte et bleue, au chapitre 3 de l’Avis de l’autorité environnementale – version du 4 février 2013 – il est fait référence aux conditions imposées par le Conseil national pour la protection de la nature (CNPN) en réponse à la demande de dérogation à l’interdiction de destruction d’espèces protégées.
Ces conditions seraient similaires à celles mentionnés par le dossier loi sur l’eau.
Nous demandons que les informations qui seront livrées par le Comité de suivi du CNPN en charge de vérifier la pérennité après projet des zones humides déjà existantes et de celles devant être crées soient accessibles et tenue en compte dans l’avancement des travaux et dans la précision des mesures compensatoires à mettre en place. Nous sommes particulièrement inquiets quant à la survie des espèces protégées, notamment en ce qui concerne le patrimoine naturel et les zones sensibles d’espèces rares et à protéger, dont la pérennité des zones humides qui ne semble pas assurée, les mesures d’évitement non recherchées en ce qui concerne la parcelle la plus riche (la mouillère 54E qui contient entre autre de nombreux spécimens d’étoile d’eau).
Nous avons relevé bien d’autres points évoqués par l’Autorité Environnementale qui ne nous semblent pas résolus et qui mériteraient d’être approfondis. Nous partageons également les inquiétudes exprimées dans l’avis de l’Autorité Environnementale sur les impacts en matière de trafic routier, d’augmentation de la pollution, et des impacts sur le paysage en particuliers sur la hauteur des bâtiments pouvant atteindre 45 m, et également la hauteur en bordure de la ZAC.
En conclusion :
De l’approche globale d’un projet qui a voulu dans le même périmètre à proximité des centres de recherche et de la zone d’activité presque doubler le nombre de logements (de 3200 initialement prévus à 5100 logements dans le projet actuel), officiellement pour justifier une gare du métro automatique dans la ZAC Polytechnique, avec un calendrier de réalisation bien plus serré que les perspectives les plus optimistes de l’arrivée de la ligne 18 du métro du Grand Paris Express (fut-il en transport léger), nous avons le sentiment que le projet s’est emballé et que les impacts environnementaux majeurs, bien qu’identifiés pour la plupart, sont restés au second plan et sont loin d’être pris en compte de manière exemplaire et en tenant compte de tous les paramètres, comme ils mériteraient de l’être.
Nous sommes donc sur une interprétation des objectifs d'aménagement bien supérieure à celle prévue par le SDRIF initial, dans un contexte de cluster de recherche sans thème de prédilection (nanotechnologies, grandes écoles, etc.) et qui a été mixé avec un projet de « nouvelle ville » sur toute la frange Sud du Plateau, déplaçant les emplois beaucoup plus qu'il ne les créé, ayant pour horizon un projet digne des années 70-80, cherchant le moyen de paraître moderne sur des enjeux d'ordre essentiellement technologique.
En bref, nous craignons une trop grande volonté de bâtir et la recherche d’un gain immédiat (financier et d’image) que, à notre sens la Ville n’est pas prête à soutenir.
C'est la raison pour laquelle nous donnons un avis défavorable sur la 4eme révision du PLU Ville de Palaiseau
Michel Rouyer,
Président du groupe des élus-ues Europe Ecologie les Verts
Président du groupe des élus-ues Europe Ecologie les Verts
au Conseil Municipal de Palaiseau
Annexe : réflexion sur l’urbanisation prioritaire du plateau de Saclay
Dans le concours international d’architecture et d’urbanisme lancé par l’Etat en 2005, les objectifs annoncés étaient très ambitieux : ville en réseau branchée sur les pôles de recherche mondiaux, création d’innovations scientifiques et techniques porteuses de richesses et d’emplois de toutes qualifications, systèmes de constructions et de transports économes en énergie sans émanation de gaz à effet de serre, habitats favorisant les mixités sociales et fonctionnelles, mode de vie / mode de ville 24/24 attractifs pour tous les âges et catégories sociales, transports innovants pour circuler à toutes les échelles, urbanisme préservant les terres agricoles et les possibilités de productions maraîchères...
Pour mener à bien un tel projet de développement sur cet espace essentiellement agricole, l’Etat a engagé des moyens techniques et financiers considérables :
- mise en place de 3 pôles de compétitivité (Systématic, Médicen et Movéo) ;
- plan Campus ;
- création d’une Opération d’Intérêt National (OIN) dirigée par un Établissement Public d’Aménagement.
Depuis, les intentions louables du projet initial ont été largement revues à la baisse pour plusieurs raisons:
- l’opposition des associations locales d’environnement et du cadre de vie qui ont obtenu la sanctuarisation de 2300 ha de terres agricoles (sur 2700 );
- la résistance des collectifs de chercheurs ;
- les communes de départ des grandes écoles et laboratoires (Clamart, Antony, Chatenay-Malabry, Plaisir-Grignon) réticentes à voir partir leurs établissements et fermer les résidences universitaires attenantes;
- la crise économique et la révision à la baisse des financements publics, le désengagement de l’état et le remplacement par des spéculations immobilières des grands groupes et des PPP.
- le retard dans la programmation et le financement du Grand-Paris-Express.
L’objectif du projet actuel reste de favoriser l’émergence d’un pôle d’innovation de haut niveau scientifique, un “cluster de la connaissance” devant créer une « synergie des Savoirs » avec l’ensemble des grandes écoles, de deux universités, des laboratoires de recherche et d’entreprises privées, rassemblés sur un même espace.
Mais, pour que ce dispositif d’exception puisse fonctionner, il s’agirait d’implanter une “nouvelle ville” artificielle de 30.000 à 50.000 habitants (en rupture avec le concept considéré dépassé de “Ville nouvelle”) pour donner envie aux étudiants, chercheurs et à leurs familles de demeurer sur place, en y trouvant des “fonctions désirantes” d’habitat, d’activités, de loisirs, d’équipements et d’espaces publics attractifs (rues, places, jardins...) Les nouveaux quartiers devant permettre de créer des lieux d’accélération “d’intensité urbaine” (grands projets), mais également des espaces de repli pour la tranquillité, de rapport à la nature, de convivialité et d’éducation à l’environnement, des espaces d’expérimentation innovants en rupture avec les offres habituelles ( habitat, transports, mixité agro-urbaine).
Aujourd’hui, dans un climat d’opposition citoyenne grandissante, sans consultation démocratique, les pouvoirs publics ont entamé les premières tranches de travaux sur les terrains appartenant à l’état (Défense, Education Nationale...), démarré les déménagements des grandes écoles, sans l’accompagnement indispensable de projets d’habitat pour relocaliser les actifs, d’espaces publics et d’équipements permettant les conditions d’une véritable “urbanité”.
Notre avis
- Ce projet séduisant en théorie est sorti du rêve technocatique d’urbanistes qui ont pensé un projet totalement “hors sol” sans aucune concertation avec les habitants du territoire et les travailleurs concernés.
L’urbanisation de plateau de Saclay repose sur un objectif démodé de “proximité physique” entre laboratoires de recherche et grandes écoles pour pouvoir produire davantage d’innovation-recherche. La « Silicon Valley » censée servir de modèle outre-Atlantique s’étire sur 120 kms et ne présente pas du tout la même configuration. Alors que certains laboratoires de l’université d’Orsay peinent à trouver un million d’euros pour boucler leur budget, chaque déménagement (cf. départ de l’Ecole Centrale de Chatenay-Malabry ) coûte environ 200 millions d’euros. Une première vague d’implantation dans les années 55–75 (CEA, Fac d’Orsay, Polytechnique, HEC...) sur le plateau de Saclay s’est révélée peu concluante en matière de fédération de projets inter-structures. Le travail en réseau et la dématérialisation rendent encore moins nécessaire aujourd’hui de rapprocher physiquement les établissements[5]. Par ailleurs, constatons que les populations de chercheurs qui travaillent sur ce territoire ont très minoritairement choisi de se loger à proximité (vallées de l’Yvette et de la Bièvre).
On risque donc de dépenser des sommes considérables pour une greffe urbaine qui ne prenne pas. D’autre part, rien ne garantit que les fonctions manquantes (services, commerces, loisirs…) viendront s’agréger à ce campus pour le transformer en véritable “ville”, avec une attractivité suffisante pour fixer sur le site les étudiants et chercheurs. Et permettre de rompre la progression des flux habitat / travail entre la capitale et le plateau. Compte tenu de l’atonie de la demande, les infrastructures semblent surdimensionnées et de plus sacrifient d’excellentes terres agricoles qui peuvent contribuer à relever le défi alimentaire IDF.
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